LA GPA AU MAROC : UN RETARD SALUTAIRE ?
Article:Nahla Nejdi
La GPA : Gestation pour autrui
Être en retard sur quelque chose est-il forcément mauvais ?
Il nous arrive souvent d’éprouver un sentiment de frustration quand on se trouve bloqués sur notre chemin, et surtout quand nous devenons esclaves d’un certain idéal à atteindre, d’un projet à réaliser ou tout simplement d’une simple tâche à accomplir.
Parfois les désirs tant désirés tardent à venir ce qui nous plonge dans un état du stress permanent, et plus l’objet de notre désir nous semble loin , et plus notre volonté de le conquérir s’accentue et s’intensifie, et plus notre désir fait l’objet d’autres formes du désirs éprouvées par d’autres sujets désirants, plus notre désir qui est loin d’être le notre initialement commence à prendre de l’ampleur.
Combien de fois nous avons dévié de notre propre trajectoire afin d’emprunter celui des autres et tout cela sans jamais l’apercevoir ou du moins en être conscient, encore pire nous nous sommes même pas informés de nos propres contradictions et de nos différences incohérences que nous nous interrogeons que très rarement, voire jamais.
Il est même souhaitable de dégager un certain tempérament hybride et paradoxal, ou ici le paradoxe peut trouver son origine dans une certaine loi naturelle ou le clair ne peut exister que s’il est transpercé par l’obscurité de la nuit ou l’aube n’est là que pour accueillir la chaleur ensoleillée du matin.
Cependant, le paradoxe est loin d’être un ami fidèle de l’incohérence qui a comme pilier principal l’hypocrisie et l’imposture.
Être libéral ou ne pas l’être, est loin d’être la question, mais le véritable sujet est d’être en mesure de reconnaître qu’il est presque inéluctable d’échapper à la logique commerciale et marchande, ou nous nous inscrivons tous et malgré nous dans ce même schéma de l’offre et de la demande.
Faut-il ériger certaines choses en norme pour qu’elles soient acceptées comme normes ?
C’est à cette question qu’il faut s’atteler à répondre afin de mettre en ordre ce qui fait partie de la norme et ce qui n’en fait pas.
En effet, la question de la GPA ne se pose même pas au sein de notre pays ou il s’agit d’un faux débat qui non seulement n’a aucune place étant donné qu’il ne s’agit nullement d’un fait social, encore moins d’un phénomène qui pourrait être répandu au Maroc.
Nous sommes tous conscient que c’est à peine que nous pouvons aborder des sujets portant sur les libertés individuelles qui sont toujours suspendues et dont nous nous profiterons même pas, avec ces différents articles liberticides.
Suite à ce schéma rétrograde et conservateur, comment et pourquoi s’intéresser au sujet de la GPA au Maroc ?
Conférence de presse contre la GPA :
Suite à la conférence de presse visant à signer un accord universel contre la GPA qui a eu lieu le 3 Mars à Casablanca à l’hôtel Kenzi Tower, qui a été organisée par des différents experts à la fois étrangers et marocains, et qui a eu comme objectif et impératif majeur la lutte contre la GPA, ou cette conférence vise la signature d’un accord afin d’abolir la gestation pour autrui étant donné quelle peut porter atteinte à la dignité de la femme, ce qui ne peut être que vrai vu son impact à la fois au niveau psychologique et physique sur la personne porteuse et également sur le nouveau né, ou il s’agit bien d’une initiative salutaire de la part des différents experts qui ont eu l’idée d’ouvrir le débat sur ce sujet, mais non seulement pour en débattre mais également pour mettre fin à cette forme du non respect du corps humain et surtout de celui de la femme en particulier.
À côté de cette belle proposition en apparence humaniste et humanitaire, se cache-il un aspect conservateur qui souhaiterais mettre le sujet de la GPA dans le même panier que d’autres pleins sujets qui sont loin de se rallier à cette thématique ?
Le choix du lieu de cette conférence semble très significatif et porteur de certaines dimensions qui peuvent trouver leurs origines dans le conservatisme puisque nous sommes en présence d’une forme d’un néo-conservatisme trouvant ses fondement loin de toute religiosité mais dans une certaine rationalité qui n’échappe toujours pas aux différentes incohérences qui sont avancées par certains conservateurs qui aspirent non seulement à la non introduction de la GPA au Maroc, ce qui reste digne de leurs part, mais encore pire, ils aspirent également à intégrer le sujet de la gestation pour autrui au grand panel des différentes libertés individuelles ou non seulement ces droits sont attaqués au niveau de la forme avec le désir de les limiter au maximum, mais de s’acharner également sur leurs axe à la fois syntagmatique et paradigmatique qui constituent le signifiant et le signifié et même le récipient principal de ces différentes libertés tant pénalisées et décriées.
Ici la forme épouse bien le fond, et le support s’allie d’amitié avec le sens afin de ne pas faire chevalier seul mais pour donner lieu à une nouvelle aberration sociale qui est le néo conservatisme, qui ne peut se fonder que sur des bases à moitié religieuses à la fois par peur de passer pour un rétrograde et un réactionnaire, mais également pour montrer une certaine distance face à la Modernité qui est prohibée par ce discours, non parce qu’elle contient en elle des éléments qui rappellent un passé colonial ou un désir pour une quelconque mission civilisationnelle, mais pour le simple désir de s’écarter de tout ce qui deviendra bientôt une norme et une réalité marocaine.
GPA et engagement féministe :
À l’occasion de la journée mondiale de la femme, nous célébrons à la fois cette fête annuelle qui ne peut que nous rappeler non seulement la valeur que joue les femmes dans notre société, mais encore les différences injustices qu’elles subissent tout au long de l’année, combinant harcèlement et agression à la fois physique et verbales, sans faire de l’ombre sur les impacts et les dégâts psychologiques causés par toutes ces discriminations.
Est-ce qu’il faut être femme pour défendre les femmes ?
Afin de répondre à cette question qui est très lourde du sens puisqu’elle nous plonge dans un schéma complètement loin du sujet principal qu’est le droit des femmes mais également la notion d’engagement. Sommes-nous mieux aptes à défendre un genre en particulier parce qu’il est aussi le notre ou cela n’est pas vraiment nécessaire quand il s’agit de la cause des femmes ?
Afin d’éclaircir ce sujet, il serait bien intéressant de se pencher sur la notion d’engagement, dans ce cas présent nous sommes souvent face à un type d’engagement loin d’être rationnel et objectif mais il est teinté d’une certaine nuance à la fois affective et émotive dans le sens ou il faut nécessairement être femme pour défendre les femmes, ce qui représente en quelque sorte une forme de paresse intellectuelle, encore pire, il s’agit même d’une démonstration à la fois fallacieuse et moins crédible dans le débat public.
En effet, ce qui serait le plus honnête est de partir du général au particulier tout en ayant à l’esprit une vision globale et holistique qui part du principe que les droits des femmes ne sont que les droits de l’Homme en général, c’est-à-dire, le droit de tout être humain indépendant de son sexe et du son genre.
En somme, nous pouvons bien en déduire qu’un engagement émotif et subjectif porte en lui-même un préjudice aux femmes et à leurs droits fondamentaux, ou il s’avère nécessaire et impératif d’opter pour une théorie visant à parler au nom du tous, au nom des femmes, des hommes des enfants et des vivants.
Dans le cadre de cette initiative contre la GPA, il serait utile de faire le lien entre cette proposition qui ne peut être que favorable puisqu’elle porte en elle une dimension à la fois physique et spirituelle ou le corps de la femme constitue un enjeux majeurs dans la société, entre ceux qui veulent l’emprisonner le martyriser et lui amputer toute faculté mobile, et ceux qui tentent de le désacraliser et le descendre de son piédestal afin qu’il soit un pur produit commercial flattant à la fois les magazines mais également les prospectus de vente automobile.
Alors que faire face à ces deux polarités qui toutes n’avantagent nullement la femme elle-même mais répondent aux différents fantasmes et névroses de ceux qui les représentent ?
Revenant à la gestation pour autrui ou le corps ici vole en éclat face à cette nouvelle forme de substitution qui permet de donner à un nouveau arrivant dans la vie un corps qui ne l’a pas engendré, ou l’enfant s’alimente et se chauffe en toute sérénité dans un utérus dans lequel sortira pour aller se lover dans des bras bien étrangers à sa nature première, ou il est à la fois l’enfant d’une pakistanaise mais aussi d’une irlandaise.
Natalisme et Antinatalisme :
En partant de cette polémique, il serait même judicieux de se pencher sur un autre sujet qu’est le Natalisme, est ce qu’il est intelligent de faire des enfants dans un tel monde plein du paradoxes, de contradictions et surtout d’incohérences ?
Ne serait-il pas judicieux d’adopter un esprit quasi antinataliste, pas forcément par sensibilité écologique mais également par une simple initiative individuelle libre de chacun ou le fait de mettre un enfant dans le monde ne doit plus être un jeux d’enfant mais un choix bien réfléchi et mâture.
Et que dirons de la démographie ? Sommes nous dans un équilibre, en carence ou en décadence ?
Sommes nous apte à accueillir ces nouveaux arrivants à la fois financièrement, culturellement et psychologiquement ?
Faire venir un être au monde ne relève t-il pas d’une responsabilité purement individuelle ou les géniteurs doivent tout d’abord bien s’assurer du confort dans lequel un enfant doit naître ?
Ou cela reste aussi une responsabilité étatique et gouvernementales ? Est-ce légitime d’avoir le désir d’enfant aujourd’hui ?
Cela relève t-il d’un certains égoïste de notre part ? surtout quand il s’agit de notre vieux futur qui nous attend et qui serait adouci si nous sommes entourés de nos propre chers.
Le fait de ne pas vouloir d’enfant ne relève t-il pas aussi d’un repli sur soi et d’un certain désir de s’occuper de soi-même et de sa propre personne, au lieu d’aller à la recherche d’une nouvelle responsabilité qui s’ajoute à d’autres engagements liés à notre mode de vie actuel ?
Les femmes d’aujourd’hui sont elles plus carriéristes qu’avant ? et cela peut-il leur ouvrir d’autres perspectives moins connues des anciens temps ? ou la recherche de la réussite personnelle et professionnelle passent avant toute chose dans la vie de la femme dite « moderne », ou cette Modernité ne peut que créer une véritable rupture entre ce qui est désuet et ce qui est en vogue, non par simple désir de se moderniser pour faire plaisir à ceux qui nous ont ramené la Modernité mais cela doit impérativement s’inscrire dans une démarche purement personnelle qui fait table rase de tout déterminisme et toute tentative d’essentialisation de la part de ceux qui ne prennent en compte que les statistiques chiffrées et les logiques comptables, ou l’être humain n’est étudié qu’à partir d’un environnement à la fois aliénant et déterminant, mais il est loin de déterminer l’individu objet d’étude mais détermine surtout la vision de celui qui porte en lui un retard plein de stéréotypes parfois fondés et parfois non, ce qui nous ramène à la pensée orientaliste ou celui qui nous regarde détient un certain pouvoir par le simple fait de nous regarder, ou celui regardé devient un objet d’étude malgré lui.